Rust River City
À paraître
26 €Dean, veuf et vétéran de la guerre du Vietnam se fait licencier du jour au lendemain. Un pack de bières bon marché en guise de cadeau d’adieux, il rentre chez lui et annonce la terrible nouvelle à ses deux fils. Nous sommes à Rust River City et le travail est une denrée rare, d’autant plus que désormais une partie de la production de Mericor, l’usine de la ville, est délocalisée en Chine. Dean enchaîne les boulots ingrats tout en travaillant chez Planet Chicken, un fast-food où les employés sont contraints de porter un stupide bonnet de poulet. C’est alors qu’une opportunité peu banale de gagner de l’argent s’offre à lui…
Ville industrielle imaginaire, entourée de sapins, avec son usine, ses pavillons et ses imposantes lignes à haute tension, Rust River City prend vie de manière flamboyante. Le dessin au crayon à papier, à la fois réaliste et cartoonesque, est rehaussé par une palette de couleurs limitée mais incandescente : les cimes des sapins luisent dans le soleil couchant tandis que les maisons projettent leur ombre de manière dramatique, renforçant le sentiment de tension qui parcourt le livre. Car malgré le décor époustouflant, les dialogues fusent pour évoquer tantôt la guerre au Vietnam, tantôt l’âpreté des conditions de vie. Comme pour mieux affronter ce monde fragile, illusoire et chaotique, les personnages de Rust River City s’accrochent avec ténacité à leur propre perception du monde, quitte à entamer un bras de fer avec le réel commun.
Après Highbone Theater (2016), Joe Daly revient avec une nouvelle bande dessinée tout aussi ambitieuse que virtuose, où le réalisme se fait sourdement déjanté et se teinte de fantastique.