Elle
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14 €Masse, auteur dont l’univers graphique exceptionnel a fait l’admiration de Terry Gilliam ou d’ Art Spiegelman, a donné ses meilleures heures à la bande dessinée des années 1970-80, participant à de nombreuses revues telles que Actuel, Charlie hebdo, Hara Kiri, Fluide Glacial, l’Écho des Savanes, Métal Hurlant, À suivre ou Raw, avant de s’éclipser quelques années pour se tourner vers d’autres rives artistiques. Après la réédition de On m’appelle l’avalanche en 2005, L’association publie un nouvel ouvrage de cet auteur devenu si rare.
Dans Elle, Masse revient avec un personnage de « bonhomme à béret » qui évolue dans une série de strips au dessin épuré. “Il ne peut l’avoir tuée. Il l’aimait. Trop, peut-être”, prévient l’introduction et pourtant, installé sur un fauteuil qui fait office de cellule, le personnage purge bien une peine de prison. Dans sa position de spectateur, plus qu’à l’enfermement, il s’est condamné tout seul à l’attendre, « Elle », qui ne viendra donc jamais. Ce fauteuil devient alors une lorgnette qui dérègle la réalité où “le dehors du monde est maintenant retourné comme une chaussette, dans le dedans de sa prison comme dans sa tête”.
Dans cet univers carcéral étrange et dévoyé, ce personnage au langage rudimentaire et laconique, use d’un humour déroutant, se joue du lecteur, et amèrement de lui-même “faire spectacle 6 cases …toujours pareilles-pas-pareilles”, tout comme son maton qui raille “Hahaha ! Absurde-humour-bédé-Masse”. Masse aime se jouer de son média et “Elle”, dont on ne ne sait si elle est réelle, imaginaire, morte ou vivante, rappellera une certaine « dame assise » et pourra laisser penser que l’on rencontre ici son pendant masculin désabusé et esseulé.